INFECTIONS CUTANEO-MUQUEUSES A DERMATOPHYTES DE LA PEAU GLABRE, DES PLIS ET DES PHANERES

INFECTIONS CUTANEO-MUQUEUSES A DERMATOPHYTES DE LA PEAU GLABRE, DES PLIS ET DES PHANERES


DIAGNOSTIC CLINIQUE :

Infection cutanéo-phanérienne superficielle, fréquente, due à des dermatophytes, champignons filamenteux kératinophiles, toujours pathogènes.

Facteurs favorisants : humidité, traumatismes locaux, occlusion des plis.

Lésions cliniques : squameuses, hyper-kératosiques, vésiculo-bulleuses aux pieds et aux mains, arrondies ou sous forme de placards circinés limités par une bordure érythémato-vésiculo-squameuse d’évolution centrifuge au niveau de la peau glabre et alopéciques au cuir chevelu.

L’examen mycologique : indispensable dans les atteintes phanériennes (ongles, cuir chevelu).

EPIDEMIOLOGIE :

Épidémiologie et pouvoir pathogène : Les dermatophytoses sont des motifs fréquents de consultation.

Transmission : par contact avec poils ou squames contaminés, et adhérence des éléments fongiques à la couche cornée.

Dermatophytes :
champignons filamenteux appartenant à 3 genres
Epidermophyton,
Microsporum,
Trichophyton ;
affinité pour la kératine : couche cornée de l’épiderme, poils, cheveux et ongles ;
toujours pathogènes (+++) ;
respectent toujours les muqueuses.

Le facteur favorisant principal : est une altération épidermique quelle que soit sa nature (traumatique...). L’origine peut être : interhumaine : espèces anthropophiles (Trichophyton rubrum, T. interdigitale...), avec une prédominance de la contamination en milieu sportif (piscine), douches collectives, vestiaire des écoles, favorisée par la macération (plis chez les obèses, séchage insuffisant, chaussure fermée ou de sécurité...)

DIAGNOSTIC CLINIQUE :


Dermatophytoses des plis :



Épidémiologie : 3 dermatophytes à transmission interhumaine :
Trichophyton rubrum (70 - 80 % des cas) ;
Trichophyton interdigitale (15 - 20 % des cas) ;
Epidermophyton floccosum (5 % des cas).






Diagnostic :

Intertrigo inter-orteils : concerne l’adulte surtout, et touche préférentiellement les 3e et 4e espaces, sous l’aspect d’une simple desquamation sèche ou suintante, associée ou non à des fissures ou des vésiculo-bulles sur la face interne des orteils et au fond du pli. Le prurit est variable.
Les complications potentielles sont :
Porte d’entrée bactérienne à l’origine d’érysipèle de la jambe.
Diffusion à l’ensemble du pied ou d’autres régions du corps
Dermatophytose palmaire : atteinte unilatérale ;
Contamination main-pied en particulier avec T. rubrum «two feet one hand».

Atteinte des grands plis : aux plis inguinaux «eczéma marginé de Hébra», l’atteinte réalise un placard érythémato-squameux prurigineux, géographique à contours circinés, qui s’étend sur la face interne de la cuisse.

En faveur du diagnostic de dermatophytose, on retrouve :
la bordure érythémato-vésiculo-squameuse ;
l’extension centrifuge ;
l’atteinte uni-ou bilatérale.
L’aspect est identique en cas d’atteinte des autres grands plis (interfessier, axillaires, abdominaux) qui est moins fréquente.

Diagnostic différentiel :

Intertrigo interorteils : Il faut éliminer :
Candidose à Candida albicans ;
Eczéma dysidrosique ;
Intertrigo à BGN : lésions érosives, parfois verdâtres, résistantes au traitement antifongique

Atteintes des grands plis : Il faut éliminer :

Candidose : érythème, d’aspect vernissé et suintant, fissuré au fond du pli qui est recouvert d’un enduit blanchâtre ; présence de pustules périphériques

Erythrasma dû à Corynebacterium minutissimum : placard brun chamois finement squameux avec fluorescence rose-corail en lumière ultraviolette (lampe de Wood) ;

Psoriasis inversé ;

Dermatite de contact par irritation ;

Eczéma de contact, vésiculeux et suintant.

Dermatophytoses de la peau glabre :

Épidémiologie : dues à des dermatophytes anthropophiles des pieds ou zoophiles provenant d’un animal parasité : chat, chien (M. canis).
La contamination peut se faire par contact direct ou indirect.

Diagnostic : forme typique « herpès circiné » avec placards arrondis ou polycycliques (coalescents). L’atteinte est unique ou multiple :
avec une bordure érythémato-vésiculosquameuse.
concernant les régions découvertes surtout ;
avec un prurit parfois intense ;
d’évolution centrifuge avec guérison centrale (+++)


Teignes : infections dermatophytiques dues à un parasitisme pilaire, rares chez l’adulte (mais l’homme peut développer une teigne de la barbe).

Diagnostic - Formes cliniques :

Teignes du cuir chevelu : Elles touchent l’enfant avant la puberté.

Teignes tondantes microsporiques : plaques alopéciques arrondies de quelques cm de diamètre, uniques ou multiples, d’extension centrifuge. Sur un fond de squames, les cheveux sont cassés régulièrement à quelques mm de la peau.

Teignes tondantes trichophytiques : petites lésions éparses, squamo-croûteuses parfois pustuleuses engluant des cheveux cassés très court.

Favus (teigne favique) : exceptionnelle, plaques alopéciques inflammatoires et cicatricielles par de petites dépressions cupuliformes remplies de croûtes  «godets faviques »

Kérion (teigne inflammatoire) : réaction immunitaire excessive au dermatophyte avec placards inflammatoires ponctués d’orifices pilaires dilatés d’où les cheveux sont expulsés et d’où coule du pus. Il y a souvent de petites adénopathies satellites inflammatoires mais pas de fièvre.

Teigne de la barbe : folliculite aiguë suppurée avec plages papuleuses inflammatoires, pustuleuses, parfois verruqueuses ; difficiles à distinguer cliniquement d’une folliculite bactérienne.

Aspects atypiques : Le dg de teigne du cuir chevelu est difficile dans certains cas :
Pityriasis (état pelliculaire) diffus ;
Teignes modifiées par l’application de topiques ;
Teignes des immunodéprimés (VIH) pouvant simuler une dermatite séborrhéique ou un psoriasis

Dermatophytoses unguéales (onyxis dermatophytique) : Ongles des orteils (80%).

Due a T. rubrum (80 %) et T. mentagrophytes var. interdigitale (20 %).

L’atteinte unguéale est presque toujours associée à celle des espaces interdigitaux ou des plantes.

Elle débute généralement a la partie distale et latérale de la tablette unguéale (leuconychie). Il en résulte une hyperkératose sous-unguéale, puis une onycholyse par décollement distal de la tablette unguéale.

Dg différentiels : onychopathie post-traumatique et surtout le psoriasis (+++).


DIAGNOSTIC MYCOLOGIQUE :

Indispensable (sauf pour les intertrigos interorteils) en raison de la faible valeur prédictive positive de l’examen clinique (polymorphisme lésionnel).
Il doit être fait avant toute prescription d’antifongique local ou systémique, après une fenêtre thérapeutique de 2 semaines au moins.




EXAMEN DES LESIONS EN LUMIERE ULTRAVIOLETTE (LAMPE DE WOOD) :

La fluorescence est variable selon l’agent pathogène :

Dermatophytose microsporique : fluorescence « jaune verte » des poils ;

Atteinte trichophytique : absence de fluorescence.


PRELEVEMENT DE SQUAMES (GRATTAGE), DE CHEVEUX OU D’ONGLES ATTEINTS:

Examen mycologique direct : confirme immédiatement l’existence d’un parasitisme en identifiant les filaments septés du dermatophyte, mais ne précise pas sa nature.

La culture sur milieu de Sabouraud (long délai : 3 à 4 semaines) précise le genre du champignon (ex : Trichophyton) et l’espèce responsable (ex : T. rubrum).


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